Silence sur trame mouvante

Silence sur trame mouvante ( 2015 )

Photo en série, impression à jet d'encre sous acrylique accompagnée d'un texte, ed 3, 65 x 95 cm chacune. Avec documentation de l'exposition à la Maison de la culture de Côte-des-Neiges, Montréal.

Le projet est réalisé dans le cadre de l'exposition John Rea • musique vue à la Maison de la culture Côte-des-Neiges à Montréal, organisée par les commissaires Élisabeth Dupond et Julianna Joos. Vingt-deux artistes issus d’horizons divers sont réunis pour présenter des œuvres inspirées de la musique du compositeur montréalais John Rea afin de jeter un pont entre deux sphères de la création contemporaine — la musique et l’art visuel. L'événement qui rend hommage au compositeur est initié par la Société de musique contemporaine du Québec.

Est-ce qu'il y a des liens artistiques préexistants entre la musique d'un compositeur et l’œuvre visuelle d'un artiste de la même époque? Quels liens pourraient être crées par l’accueil et l'écoute de matériau sonore dans le lieu de la création de ce dernier?

Après plusieurs écoutes de la musique La raison des forces mouvantes de John Rea, les abribus, l'un des endroits préférés pour ma création, me semblent un lieu potentiel pour cette rencontre créative, un espace de transition passé-présent, visuel-musical. Revisitant l'abribus où j'étais, avec le même cadrage, j'ai capté la transformation par le passage du temps, les reflets du trafic et l'intervention avec mes souffles. La transparence des éléments visuels et les variations à travers les actions répétitives contribuent à résonner avec l’œuvre de John Rea.

Texte d'accompagnement d’œuvres : selon le concept de l'exposition, un texte est affiché à côté de chaque œuvre pour expliquer les liens en rapport à la musique de John Rea. Voir le texte transcrit ci-dessous:

Les écouteurs sur les oreilles, les yeux fermés, m’assoie sur le banc de l'abribus. Entends des vibration de cordes et du souffle. Tantôt des lignes s'étalent de bas en haut, ensembles, séparées ou alternées. Tantôt des formes transparentes et superposées ondulent les unes sur les autres. Le bruit d'un moteur...

L'autobus arrive, s’arrête, ouvre et referme la porte, ­personne ne monte ni ne descend, et repart avec un signe interrogateur. Referme les yeux.

Chaque onde s'élargit, se rencontre, se déforme et se brise en fragments innombrables. Des petites spirales apparaissent par-ci, par-là, qui se superposent avec des bruits de respiration de coureurs, des cris de freins et des pas s’approchent tranquillement et surement.

Une femme arrive avec un sac à dos. Elle pose son trépied et sa caméra devant la vitre. Elle contemple puis essuie la vitre. Ses mouvements de va-et-vient se superposent sur le glissement des cordes.

Elle prend une grande inspiration et expire à fond sur la vitre. Tiens! Une figure brumeuse plane! Elle déclenche rapidement avant son évanescence. Elle reprend ces actions pendant longtemps...

Ignore l'origine des forces inépuisables du monde mouvant.

Des spirales montent, tombent et remontent progressivement avec énergie pour finir par se relâcher doucement. Seules des gouttes rebondissent sur les cordes. Reprends un souffle avant d'entrer dans le silence.

Yeux fermés.